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Négociations commerciales : la crise agricole attise les tensions

La colère exprimée par les agriculteurs mobilisés sur tout le territoire national depuis près d’une semaine, notamment pour obtenir une juste rémunération de leur travail, intervient alors que les négociations commerciales annuelles entre industriels et distributeurs doivent s’achever mercredi 31 janvier. L’enjeu de ces discussions est de fixer les tarifs des produits de grande consommation à marque dans les rayons des supermarchés en 2024.
Au cœur des récriminations des agriculteurs, éleveurs laitiers et de bovins en tête, le non-respect de la loi EGalim. Promulgué en octobre 2018, ce texte avait pour objectif de mieux répartir la valeur au sein de la chaîne alimentaire et d’assurer un revenu décent à l’amont agricole. L’idée était de partir, par exemple, du coût de production du lait pour fixer le prix payé à l’éleveur par l’industriel, le prix de cette matière première agricole étant ensuite sanctuarisé par le distributeur et étant non négociable. Or, sur le terrain, pour certains paysans, le compte n’y est pas.
Ils reprochent aussi aux acteurs de la filière de faire appel aux importations pour réduire la facture. D’où la multiplication des opérations des adhérents des branches locales de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs contre des centrales d’achat de distributeurs, des magasins ou des industriels. L’usine Lactalis de Domfront (Orne) a été ciblée, le 24 janvier, par des manifestants accusant le géant laitier de ne pas tenir compte des 6 % de hausse des coûts de production dans le prix du lait. Le 28 janvier, c’était au tour de la centrale d’achat Système U à Vendargues (Hérault), d’être attaquée par des viticulteurs dénonçant les prix trop bas en rayon. Lundi 29 janvier, en Vendée, des agriculteurs ont « visité » des magasins E.Leclerc et Lidl à La Roche-sur-Yon, et vérifié le contenu des camions entrant dans l’usine Fleury-Michon de Pouzauges.
Face à la bronca, le gouvernement a tenté de faire pression sur les industriels et les distributeurs. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a, dans un premier temps, évoqué le renforcement des contrôles avec la mobilisation d’une centaine d’agents. Puis, à la sortie d’une réunion du comité de suivi des négociations commerciales organisée vendredi 26 janvier, il a brandi la menace, en déclarant : « Les sanctions tomberont, elles iront vite, elles iront jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires des distributeurs et des industriels qui ne se seraient pas conformés à l’application de cette loi EGalim. » Le jour même, le premier ministre, Gabriel Attal, annonçait qu’il y aurait trois sanctions importantes et évoquait la lutte contre la « francisation » de produits d’importation.
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